Sylvie Cazes : l’ère nouvelle de Chauvin
La propriétaire effectue cette année ses premiers primeurs en tant que propriétaire sur la rive droite. Elle présentait son millésime 2014 mardi. L’occasion de faire le point sur les réalisations de l’année passée et les ambitions qu’elle nourrit pour le futur de ce Grand cru de Saint-Emilion.
Un an après, qu’est-il devenu ? Acquis l’an dernier par Sylvie Cazes, le château Chauvin 2014 faisait sa grande sortie en primeurs mardi soir au Chapon fin, restaurant bordelais possédé par la présidente de l’association de préconfiguration de la Cité des civilisations du vin. Un millésime bâti sur les bases laissées par les sœurs Ondet, précédentes propriétaires de l’exploitation. Mais qui amène son lot de nouveautés.
« Lui mais en mieux » pourrait être le dicton de ce 2014. Une révolution tranquille est en marche à Chauvin. Vignoble retravaillé et restructuré, outil de production modernisé, méthodes de travail réajustées… Sylvie Cazes est dans la droite ligne de ses promesses de « précision et qualité », évoquées l’an dernier juste après son acquisition du Grand cru.
« Pas de vins bodybuildés ! »
Avec ces améliorations, en un an, le style de vins a évolué. « Nous avons amené plus de profondeur et de finesse à Chauvin. Nous voulons avant tout privilégier le fruit, le but n’est pas de faire des vins bodybuildés !» plaisante Sylvie Cazes. Et en ce millésime 2014, le climat a donné son petit coup de pouce à l’entreprise. « Cette année les cabernets francs, présents à hauteur de 22 % dans l’assemblage final, sont magnifiques. Récoltés à maturité optimale, ils amènent une jolie fraîcheur. Ils contribuent à créer ces vins élégants, délicats, fidèles au terroir que nous recherchons. » L’augmentation de la surface plantée en cabernet franc, qui « prospère remarquablement à Chauvin », est d’ailleurs à l’ordre des priorités à court terme du château. Tout comme l’est la (re)construction de la distribution des vins.
Travailler la commercialisation
Intégralement vendues par le négoce, les 30 000 bouteilles de Château Chauvin produites en 2014, devraient sortir entre 35 et 40 € prix public. Sylvie Cazes a réactivé les liens de la propriété avec la place de Bordeaux. « Nous sommes allés voir les négociants un par un. Ils ont été très réceptifs » affirme-t-elle. Pour elle, pas de secret, « une bonne distribution est une distribution équilibrée. » Présence renforcée sur les circuits français traditionnels (CHR, cavistes…) mais aussi à l’international (USA, Asie, Europe…), elle ne néglige rien.
Ce renouveau de la distribution passe également par l’instauration d’un second vin tous les ans, à partir de ce millésime, alors qu’il n’était qu’occasionnel jusqu’alors. « C’est important de structurer l’offre avec un second vin pour élever le premier » selon Sylvie Cazes. Baptisé « folie de Chauvin », il est produit cette année à 10 000 bouteilles, et devrait être commercialisé aux alentours de 20 €.
Nouveau look pour une nouvelle vie
Matérialisation aux yeux de tous de ce changement d’ère, la nouvelle étiquette de château Chauvin. Au design plus travaillé que la précédente, elle est inspirée d’une étiquette de 1929. Et rend un hommage direct au nom de la propriété. « Chauvin signifie celui qui aime sa terre » explique Sylvie Cazes. Pour symboliser cet amour, sur le nouveau visuel, Cupidon étreint un lion, animal emblème de Saint-Emilion. Après la rive gauche, Sylvie Cazes déclare son amour à la rive droite. Son amour à Bordeaux. Son amour au vin.
Laura Bernaulte - Terre de Vins